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Plume d'Art

quelques mots sur l'art au bout d'une plume !

Photo du rédacteurMarianne Jagueneau

Le palais Garnier, un nouvel opéra pour la République

Dernière mise à jour : 26 mars 2021

Initié par l'empereur Napoléon III, le chantier du futur opéra de Paris est confié au jeune architecte Charles Garnier en 1860. Il sera achevé 15 ans plus tard et inauguré par le Président de la République Patrice de Mac Mahon.


Un projet phare dans le programme de modernisation de Paris engagé par le baron Haussmann.

Monument incontournable du circuit touristique de la capitale, le palais Garnier est également un édifice au coeur de la vie quotidienne des parisiens. La place de l'Opéra, initialement conçue comme un lieu permettant aux riverains de contempler l'imposant monument - le plus vaste opéra de son temps ! - avec un recul suffisant, est devenue un lieu multi-usage traversée aussi bien par les piétons que tous les types de véhicules. Son emplacement central a été savamment étudié par le baron Haussmann dont les réalisations, larges avenues et immeubles de rapport cossus, ont contribué à donner à la capitale le visage que nous lui connaissons. Alors jeune architecte, Charles Garnier hérite d'une commande précise : construire un édifice facilement accessible pour l'empereur depuis les Tuileries, réduisant ainsi les risques d'attentat. Le bâtiment est donc bordé de larges axes de circulation et connecté au jardin des Tuileries par l'avenue de l'Opéra. Il est ainsi conçu comme un écrin, tant pour l'art lyrique que pour la haute société parisienne et l'empereur lui-même. D'ailleurs, la façade principale n'est-elle pas ornée des chiffres de Napoléon III et de son épouse, l'impératrice Eugénie?



Une architecture fastueuse pour l'opéra de Charles Garnier


A l 'époque, les plans de l'architecte Charles Garnier laissent perplexe : le bâtiment peut paraitre brouillon, superposant les styles. A première vue, difficile en effet de trouver un lien entre la façade principale richement ornée, le fronton surmontant la partie arrière de la toiture et la coupole. Pourtant, en y regardant de plus près, l'intention de l'architecte se dévoile: Lier les espaces intérieurs et les extérieurs (façades et toitures) en les harmonisant.


Ainsi, la façade arrière est traitée dans un style plus sobre et classique. Davantage à l'abri des regards, elle correspond à l'entrée des artistes. D'ailleurs, des lyres ornent la frise du

fronton. Sous ce fronton, point culminant de la toiture, se trouvent les coulisses. La coupole, quant à elle, recouvre la salle de spectacle.





La structure de la façade principale, avec sa loge à colonnettes en marbre est un rappel des loges de la salle de spectacle, lieu idéal pour qui veut être vu. Dorures, figures allégoriques mettant à l'honneur les arts, grandes arcades et colonnades, difficile de savoir ou regarder sur cette façade principale tant l'architecte en a soigné le moindre détail. Les médaillons sculptés du premier niveau et les statues en buste du niveau des loggias sont un hommage aux plus grands compositeurs de l'époque, parmi lesquels Mozart, Bach ou Beethoveen. La toiture est quant à elle coiffée de statues en bronze doré qui surplombent la place et semblent contempler le jardin des Tuileries et la résidence impériale. La volonté de l'architecte pour cette façade est claire : offrir aux parisiens un spectacle visuel permanent, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'édifice.



Les somptueux plafonds de l'Opéra Garnier



A l'intérieur, justement, un incroyable faste est déployé dans un style baroque affirmé. Si le grand escalier est une oeuvre incontournable, je vous recommande toutefois de marcher les yeux tournés vers les plafonds, pour ne rien rater de la richesse de ces décors.

Le Grand Foyer en est un exemple particulièrement parlant. Son plafond à caissons orné de dorures et de peintures réalisées par Paul Baudry n'est pas sans rappeler les chefs d'oeuvre de l'art ornemental français (notamment la galerie des Glaces de Versailles). Il est prolongé par le salon de la Lune et le salon du Soleil à chacune de ses extrémités. Pièces trop sombres, je n'ai pas pris de photos de ces deux salons, mais je vous recommande vivement d'y faire un tour: leur style, alternant les tonalités froides et argentées pour l'un et chaudes et dorées pour l'autre offrent un contraste intéressant pour la composition d'ensemble du Grand Foyer.



La grande salle de spectacle (2000 places) est parmi les plus belles et peut s'apercevoir depuis les loges. Aujourd'hui, c'est surtout son plafond qui attire l'attention, la peinture d'origine ayant été dissimulée (mais non détruite) par une oeuvre résolument contemporaine de l'artiste Marc Chagall en 1964. Cette peinture est volontairement en rupture avec le reste du décor de la salle et de l'opéra et elle continue de faire débat parmi les puristes de l'oeuvre de Garnier. Pourtant, est-ce réellement aberrant d'avoir amender l'oeuvre de Garnier d'une composition d'un style moderne alors même que l'architecte a conçu son bâtiment comme une création aux multiples visages? Pour ma part, je trouve que cette coupole est un bel exemple de dialogue réussi entre tradition et modernité. Les couleurs sont à la fois douces et chaleureuses, et reflètent bien la thématique lyrique de la salle de spectacle et du lieu dans son ensemble.




Une inauguration en 1875 sous les ors de la Troisième République


Le second empire prend fin en 1870 et Napoléon III ne verra jamais son opéra totalement achevé puisqu'il décède en 1873, deux ans avant la clôture du chantier. L'édifice, témoignage du faste des grands travaux de transformation et de modernisation de la France voulus par l'empereur tout au long de son règne, sera inauguré sous les drapeaux de la Troisième République. Toutefois, il sera longtemps décrié pour son style et sa complexité.,notamment par le compositeur Claude Debussy qui, en 1901, critiquera le lieu conçu selon lui davantage comme un salon de conversation mondaine que comme une salle en hommage à l'art lyrique.



==> Cet article a éveillé votre curiosité ? Alors vous devriez apprécier mon nouvel article sur le château de Champs-sur-Marne.


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Une dernière chose : En passant devant l'entrée latérale côté rue Auber, vous remarquerez peut-être des statues d'aigles ornant la porte. Comme vous pouvez vous en douter, ce n'est pas un hasard : elles marquent l'entrée du Pavillon de l'Empereur, accès initialement conçu pour être réservé à l'usage exclusif de la famille impériale. La double rampe était supposée permettre aux fiacres de déposer l'empereur directement au pied de l'opéra, lui évitant ainsi de se mêler à la foule.


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